Définition de l'inflation - L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix.
Rencontre avec Sylvie Jouault, déléguée générale du Syndicat des Importateurs et Distributeurs de Nouvelle-Calédonie (SIDNC) pour expliquer la nouvelle politique autour des "Prix Mini" sur 60 produits qui arrive après le Bouclier Qualité Prix (BQP) fruits et légumes.
Comment s’est déroulé le travail pour lutter contre l’inflation entre l’interprofession et le gouvernement ?
Sylvie J : Nous avons entendu parler de réunions organisées par le gouvernement pour lutter contre l’inflation et nous avons demandé à être partie prenante puisque nous sommes les premiers concernés par le sujet. Le gouvernement a accepté notre demande et nous nous sommes assis autour de la table pour commencer le travail.
Pourquoi la Nouvelle-Calédonie subit de plein fouet une inflation et où en sommes-nous de cette dernière ?
Deux facteurs majeurs sont jugulés à cette inflation autour de l’importation.
D’abord, la crise sanitaire bien sûr.
La fermeture des frontières et la désorganisation des routes maritimes a créé une augmentation du coût du fret. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces problèmes sont toujours d’actualité, même si cela s’est amélioré. La crise est toujours là.
Ensuite, la guerre en Ukraine.
Cette dernière a provoqué, en Europe particulièrement, une hausse du coût de l’énergie qui entre dans la fabrication des produits qu’on importe. Nous ne sommes pas au niveau des pays européens qui sont déjà à 7% d’inflation et plus (Etats-Unis, presque 10%) car il y a un décalage lié aux stocks présents en Nouvelle-Calédonie, mais nous y arrivons et il faut s’y préparer car ce n’est pas fini. Les experts annoncent une stabilité en 2023 et une baisse à partir de 2024 ? Bien sûr, cela dépendra du contexte sanitaire ou géopolitique du monde.
Toutes les importations venant d’Europe vont continuer à augmenter. Les fabricants ont annoncé des augmentations à 2 chiffres dans les mois à venir. Les deux raisons : le coût de fabrication du produit et de son emballage – lié à l’énergie - qui augmentent fortement. Et les difficultés d’approvisionnement.

Ils sont issus d’une demande du gouvernement qui préférait faire une liste de 60 produits les plus consommés et qu’on trouve partout sur le territoire plutôt que le bouclier qualité/prix mis en place par leurs prédécesseurs.
La DAE (Direction des Affaires Economiques) nous a fourni la liste de produits à partir de leur application prix.nc et l’accord interpro impose des prix maxi à ne pas dépasser pour les trois prochains mois. Les commerçants dont les prix étaient déjà inférieurs doivent maintenir leurs prix et ceux qui étaient au-dessus doivent se mettre au prix maximum ou en dessous ! Cette opération sera renouvelable jusqu’à la fin de l’année mais nous nous devons d’être prudents et aviser au jour le jour de ce qui se passe.
L’idée principale de cette opération « Prix MINI » ce n’est pas de bloquer la marge des opérateurs, car c’est difficilement contrôlable par la Dae d’une part et surtout interdit sur une marque seule (soit tous les produits sont concernés soit aucun). L’idée est vraiment de mettre un prix maximum sur les produits les plus consommés par les calédoniens.
Quels sont les plus grands défis à venir pour les commerçants, importateurs et industriels dans ce contexte difficile ?
Notre premier défi va être d’éviter les pénuries (avoir accès à la marchandise) car des produits risquent de disparaître dans les semaines à venir. Leur coût d’achat (et donc de revente) risque d’être trop élevés et ils ne trouveront pas d’acheteurs en Nouvelle-Calédonie.
Notre second défi va être le coût d’acheminement et le prix à mettre en face pour qu’il reste acceptable.
Mais le plus grand de tous, face à la situation économique locale morose et l’absence de consommateurs, va être pour les entreprises de trouver le juste équilibre entre hausse des prix et maintien de la consommation (volume d’achat).
La hausse des prix et le volume d’achat : c’est une équation difficile à faire en Calédonie. Nous avons constaté au fil des années que la baisse des prix n’implique pas forcément plus d’achats de la part des consommateurs et donc le volume n’augmente pas.
Quoi qu’il en soit, nous travaillons ensemble pour lutter contre la vie chère.